vendredi 25 juillet 2008

PRÉSIDENT ANXIOGÈNE

PRÉSIDENT ANXIOGÈNE

Deux mots, depuis un an, hantent la presse qui rend compte presque quotidiennement des faits et gestes du Président depuis son élection : polémique, provocation, dont il semble avoir fait une spécialité ou une politique. Où qu’il passe, celui que l’on nomme partout « l’omniprésident » laisse des traces, souvent cuisantes.
Pour ne retenir que des termes de deux grands journaux, le Canard et le Monde, celui qui est supposé représenter tous les Français est : hyperénervé, agacé, emporté, excédé, éruptif, enfle de colère, entretient la pression (Le Canard). Il s’en prend à l’Insee, organisme officiel qu’il discrédite, « multiplie les attaques contre M. Mandelson », prend des initiatives que ce dernier désavoue publiquement (Le Monde). Les chômeurs, les marins, les enseignants, les fonctionnaires, les syndicats, les grévistes, les militaires, « pas professionnels », ses ministres, ses collaborateurs, sont tour à tour épinglés, traités d’ « incapables », cible de sarcasmes, d’interpellations et de désaveux publics, quand il n’insulte pas, à la surprise universelle, un mécontent. Bref, le président fulmine, fustige, « blesse », rien n’échappe à sa voracité ou férocité critique : de la littérature (La Princesse de Clèves ), du théâtre (Comédie-française), de la télévision et ses programmes à Bruxelles, de la mémoire historique des enfants, et dit-on aussi de foot, il paraît tout vouloir régenter. Il semble cultiver l’art de faire une affaire de ce qui ne l’est pas, de jeter de l’huile sur le feu, du vinaigre où cela cuit, comme à propos de ces grèves qui seraient devenues invisibles grâce à sa baguette magique : « l’essentiel pour lui est d’occuper le devant de la scène » (le Monde). Au risque de confondre action et agitation, geste et gesticulation.
Ses réformes, sans doute nécessaires pour certaines, mais douloureuses, sont présentées apparemment moins comme un intérêt de réussite collective que comme le gain d’une victoire personnelle de son volontarisme imposé de force à tout le monde : ce n’est plus un pour tous mais plutôt un contre tous. Il ne lui suffit pas de vaincre, il veut écraser, humilier, comme s’il y cherchait la satisfaction de quelque revanche secrète.
On laissera aux psychanalystes quelque interprétation pour s’étonner que ce Président « Famillionnaire », « mélange d'arrogance et de familiarité dont [il] accable ses concitoyens depuis un an» (Le Monde) s’étonne à FR3 du manque de respect qu’il inspire. Car, la seule règle, pour être respecté, est d’être respectable et respectueux. Or, loin de rassurer les Français, Monsieur Sarkozy sème le trouble, la confusion, l’incertitude, l’angoisse. Plus qu’un « famillionnaire » sans gêne comme il est qualifé dans le Monde, c’est un Président anxiogène.

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