lundi 3 décembre 2007

vendredi 30 novembre 2007

Scène de la vie marseillaise

Au restaurant, tard, après le spectacle, vendredi. Nous faisons traîner le dessert, bavardant avec le patron, attendant que le Cours Julien se vide un peu de voitures pour pouvoir y garer pour la nuit celle de mon amie, présentement quelque part loin sur la Plaine, qui attend le marché de demain. À la table à côté, un couple bien mis, entre dans la conversation :
"Vous étiez au théâtre, on vous a vus, vous avez aimé?
- Oui, mais un peu long. Bon, mais ça nous permet au moins d’attendre un peu tranquillement pour trouver une place…
- Ah, oui ! C’est galère ! On peut plus se garer à Marseille ! Parkings pleins, hors de prix, voitures sur les trottoirs… Les gens, y’ sont incroyables, le règne de l’incivilité ! Tenez, nous, on a un garage, et on a toujours des voitures garées devant.
- Ce ne sont pas les voitures qui sont garées devant, dis-je en badinant, c’est votre garage qui est garé derrière.
-  C’est ça ! Alors, quand on vient au spectacle, on part tôt dès qu’on peut pour pouvoir se garer au centre sans payer le parking ; on se fait un petit gueuleton chic et on rentre tard pour trouver la voie libre. Mais on a fini, nous. Vous cherchez une place? on vous laisse la nôtre !
- Oh, oui ! dit mon amie qui tombe de sommeil.
- On est garés juste en face."
Je regarde par la vitre.
"Mais où? je n’en vois pas…
- Mais oui, là, juste là,  la place des z’handicapés."

Benito Pelegrín

mercredi 9 mai 2007

LA VICTOIRE DE SÉGOLÈNE ROYAL
(Appel pour un comité de soutien)

Intellectuels, écrivains, artistes et citoyens, les signataires de cet appel entendent s’élever contre la présentation pernicieusement défaitiste qu’on tend à faire, qu’on entend répéter, de la défaite électorale de Ségolène Royal.
Dans une démocratie, perdre une élection, ce n’est pas perdre la face. Quand on s’est battu dans l’honneur, la vérité, à la fois à l’intérieur de son propre camp et à l’extérieur, il y a des défaites plus glorieuses que certaines victoires et l’Histoire en pourra juger.
Si ses 47% ne font pas une victoire, ce n’est pas une déroute : c’est une défaite électorale, pas un échec, ni encore moins une condamnation de la candidate ni de son programme, approuvé par près de la moitié du pays.
Nous avons soutenu sa campagne, nous avons vibré d’espoir de la France réaliste mais juste et généreuse qu’elle proposait : nous ne laisserons pas obscurcir son lumineux message.
Nous tenons, au contraire, à mettre en lumière ce fait si aveuglant qu’on semble ne pas le voir : pour la première fois dans l’Histoire de France, pays vieilli et très en retard sur l’évolution du monde et des mœurs, une femme arrive aux portes du pouvoir. Oui, seulement aux portes. Mais, si elle a été bassement rabaissée, ridiculisée, insultée, et même par des femmes, en tant que femme, un fait s’impose : au soir du premier tour, on n’a plus parlé de la femme, mais de la candidate, bref, de l’individu, par-delà les sexes. Plus personne n’a invoqué son sexe pour évoquer sa capacité et la possibilité pour elle d’exercer la fonction présidentielle. Plus qu’une victoire, c’est une révolution. Ségolène Royal a fait franchir à la France un pas irréversible.
C’est pourquoi c’est en elle, qui a porté l’espérance de près de la moitié du pays, que nous voyons la force légitime capable de régénérer et renouveler la gauche. Nous venons de perdre une bataille, nous ne nous laisserons pas voler cet espoir.

7 mai 2007